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prix scientifique CLESCO 2016
Publié le 13 juin 2016 – Mis à jour le 21 novembre 2018
du 17 juin 2016 au 1 janvier 2017 Université Toulouse - Jean Jaurès
Aurélie Croiset
Mon travail de thèse s’articule autour de données cliniques dont l’objectif est d’alimenter la littérature scientifique dans un domaine peu étudié. En effet, peu d’étude s’intéresse à mesurer l’efficacité d’un programme d’éducation au patient alors qu’ils sont couteux pour les politiques de santé publique. Ce travail vient également questionner les facteurs intrinsèques de motivation dans un objectif de prévention du patient à long terme.
Aujourd’hui en France, près de 15% de la population est obèse (IMC supérieur à 35 kg/m2 ou 40 kg/m2) dont 4.3% ont accès aux chirurgies de l’obésité s’ils le souhaitent. La chirurgie bariatrique est le traitement le plus efficace car la santé biopsychosociale du patient opéré est améliorée dès la première année. Le patient réduit de manière significative les facteurs de risque et les complications liées au surpoids (maladies cardio-vasculaires, respiratoires, métaboliques, articulaires et la prévalence de cancers). La perte de poids améliore également certaines variables psychosociales telles que les sentiments de confiance et d’estime de soi, la satisfaction corporelle, l’humeur, les troubles du comportement alimentaire et les dynamiques familiales, conjugales et professionnelles. Toutefois, la chirurgie n’est pas le traitement miracle, elle nécessite l’adhésion à des recommandations hygiéno-diététiques strictes (fragmentations des repas, volume, activités sportives, etc.) qui garantissent la santé de l'opéré à loà long terme. En effet, certains patients ne ressentent pas les mêmes bénéfices en postopératoire et les études suggèrent que 25 à 50% des opérés tendent à reprendre du poids entre 18 et 24 mois après l’intervention (Christou Look, Maclean, 2006 ; Pories, 2008). Les sociétés savantes de chirurgie ainsi que les Hautes Autorité de Santé recommandent une information éclairée et une préparation bien conduite pendant au moins 6 mois (HAS, 2009).
De nombreux programmes de préparation existent, cependant la plupart de ces programmes sont limités. Les informations données au patient ne suffisent pas à modifier des styles de vie à long terme et les compétences acquises se perdent dans le temps (Madan, Tichansky, 2005). Les études mettent en avant l’efficacité de ces préparations lorsqu’elles sont proposées en ambulatoire et en période préopératoire (Orth, Madan, Ternovits, Tichansky, 2008; Eaton, 2012; Ashton, 2009, Leadhey et Bond, 2009 ; Goldstein, Hadidi, 2010; Van Der Hofstadt, Moncho, 2012).
L’Education Thérapeutique du Patient (ETP) propose de créer un environnement d’apprentissage systémique mobilisant les 5 dimensions de la personne afin d’améliorer la durabilité du changement (Giordan, 1994). Ainsi, lors des séances d’éducation au patient, sont travaillées simultanément les cognitions (connaissances, croyances, représentations de santé), les émotions (partage et échange entre pairs), les métacognitions (conscience de soi, de son fonctionnement), les infracognitions (raisonnements internes automatiques), les perceptions (ressentis non conscientisés) et les comportements. Dans le cadre de la chirurgie bariatrique, peu d’études évaluent l’efficacité d’un programme d’ETP en préopératoire. Une étude observe l’amélioration des variables biomédicales (carences vitamine D et B12) et du suivi en postopératoire (Vaurs, Bertrand, Estrade, Hanaire, Ritz, 2014), d’autres regardent l’évolution des connaissances du patient (Marchand, Choleau, 2009) et des représentations (Marchand, Poitou, 2007) concernant la chirurgie. Deux constats apparaissent : premièrement, ce type de programme est peu documenté dans la littérature et deuxièmement, peu de patients y accèdent.
L’objectif de cette recherche est de mesurer l’efficacité d’un programme d’ETP proposé en préopératoire d’une chirurgie de l’obésité et ce, dans le temps (ÉTUDE 3) et d’identifier des profils de participation ou de refus (ÉTUDE 1 et 2).
L’étude 1 tente d’identifier des profils de participation ou de refus concernant l’ETP. 89 candidats ont été inclus de septembre 2014 à septembre 2015 dans l’Unité de Nutrition (CHU, Toulouse). Des différences ont été observées en termes d’IMC, de variables psychopathologiques et de personnalité. En effet, les patients motivés pour participer sont plus dépendants à la récompense (p=.046), affectifs (p=.046) et ont plus de ressources personnelles pour faire face aux évènements de vie stressants (p=.049). A contrario, les patients refusant le programme ont un surpoids (p=.059) plus important, sont anxio déprimés (p=.016 et p=.007) et ont une personnalité plus évitante (p=.046). L’analyse textuelle des entretiens met également en avant un profil plus internalisant pour les patients motivés pour l’ETP. Leur obésité est perçue comme une maladie, et la chirurgie va venir diminuer les risques de santé actuels et futurs, la prise de poids est le plus souvent associée à des évènements de vie de l’enfance et recherchent de l’information, du soutien auprès de l’équipe. A contrario, l’obésité est perçue comme un handicap chez ceux refusant le programme, le surpoids est plus associé à des habitudes de vie épicurienne qu’il est difficile de modifier et ils perçoivent le programme comme inutile.
L’étude 2 identifie les « prédicteurs » de la participation à l’ETP (n=89) et confirme le rôle des facteurs de personnalité dans l’adhésion au programme de santé. En effet, la dépendance à la récompense prédit de manière significative la participation au programme (β= 0,34 ; p=0,04) et l’évitement prédit le refus (β= -0,27 ; p=0,05).
L’étude 3 montre l’efficacité de l’ETP sur la perte de poids, les variables d’anxiété-dépression et de qualité de vie physique et mentale. 179 patients ont été suivis de manière longitudinale dans l’Unité de Nutrition (CHU, Toulouse) de leur demande de chirurgie à leur 12 mois postopératoire. En effet, l’ETP a un effet positif sur l’anxiété (β=-0,70 ; p=.018), la dépression (β=-0,83 ; p=.001), sur la santé physique (β=6,09 ; p=.001) et mentale (β=3,50 ; p=.001) ainsi que sur les comportements d’inhibition (β=-12,43 ; p=.012). Dans un second temps, seront analysées de manière longitudinale les compétences mobilisées en ETP.
Les résultats confirment l’intérêt de l’ETP en préopératoire d’une chirurgie de l’obésité. La participation améliorent les variables psychosociales. Toutefois, les facteurs de personnalité entrent en interaction dans le processus de décision de soin (self-management).
Aujourd’hui en France, près de 15% de la population est obèse (IMC supérieur à 35 kg/m2 ou 40 kg/m2) dont 4.3% ont accès aux chirurgies de l’obésité s’ils le souhaitent. La chirurgie bariatrique est le traitement le plus efficace car la santé biopsychosociale du patient opéré est améliorée dès la première année. Le patient réduit de manière significative les facteurs de risque et les complications liées au surpoids (maladies cardio-vasculaires, respiratoires, métaboliques, articulaires et la prévalence de cancers). La perte de poids améliore également certaines variables psychosociales telles que les sentiments de confiance et d’estime de soi, la satisfaction corporelle, l’humeur, les troubles du comportement alimentaire et les dynamiques familiales, conjugales et professionnelles. Toutefois, la chirurgie n’est pas le traitement miracle, elle nécessite l’adhésion à des recommandations hygiéno-diététiques strictes (fragmentations des repas, volume, activités sportives, etc.) qui garantissent la santé de l'opéré à loà long terme. En effet, certains patients ne ressentent pas les mêmes bénéfices en postopératoire et les études suggèrent que 25 à 50% des opérés tendent à reprendre du poids entre 18 et 24 mois après l’intervention (Christou Look, Maclean, 2006 ; Pories, 2008). Les sociétés savantes de chirurgie ainsi que les Hautes Autorité de Santé recommandent une information éclairée et une préparation bien conduite pendant au moins 6 mois (HAS, 2009).
De nombreux programmes de préparation existent, cependant la plupart de ces programmes sont limités. Les informations données au patient ne suffisent pas à modifier des styles de vie à long terme et les compétences acquises se perdent dans le temps (Madan, Tichansky, 2005). Les études mettent en avant l’efficacité de ces préparations lorsqu’elles sont proposées en ambulatoire et en période préopératoire (Orth, Madan, Ternovits, Tichansky, 2008; Eaton, 2012; Ashton, 2009, Leadhey et Bond, 2009 ; Goldstein, Hadidi, 2010; Van Der Hofstadt, Moncho, 2012).
L’Education Thérapeutique du Patient (ETP) propose de créer un environnement d’apprentissage systémique mobilisant les 5 dimensions de la personne afin d’améliorer la durabilité du changement (Giordan, 1994). Ainsi, lors des séances d’éducation au patient, sont travaillées simultanément les cognitions (connaissances, croyances, représentations de santé), les émotions (partage et échange entre pairs), les métacognitions (conscience de soi, de son fonctionnement), les infracognitions (raisonnements internes automatiques), les perceptions (ressentis non conscientisés) et les comportements. Dans le cadre de la chirurgie bariatrique, peu d’études évaluent l’efficacité d’un programme d’ETP en préopératoire. Une étude observe l’amélioration des variables biomédicales (carences vitamine D et B12) et du suivi en postopératoire (Vaurs, Bertrand, Estrade, Hanaire, Ritz, 2014), d’autres regardent l’évolution des connaissances du patient (Marchand, Choleau, 2009) et des représentations (Marchand, Poitou, 2007) concernant la chirurgie. Deux constats apparaissent : premièrement, ce type de programme est peu documenté dans la littérature et deuxièmement, peu de patients y accèdent.
L’objectif de cette recherche est de mesurer l’efficacité d’un programme d’ETP proposé en préopératoire d’une chirurgie de l’obésité et ce, dans le temps (ÉTUDE 3) et d’identifier des profils de participation ou de refus (ÉTUDE 1 et 2).
L’étude 1 tente d’identifier des profils de participation ou de refus concernant l’ETP. 89 candidats ont été inclus de septembre 2014 à septembre 2015 dans l’Unité de Nutrition (CHU, Toulouse). Des différences ont été observées en termes d’IMC, de variables psychopathologiques et de personnalité. En effet, les patients motivés pour participer sont plus dépendants à la récompense (p=.046), affectifs (p=.046) et ont plus de ressources personnelles pour faire face aux évènements de vie stressants (p=.049). A contrario, les patients refusant le programme ont un surpoids (p=.059) plus important, sont anxio déprimés (p=.016 et p=.007) et ont une personnalité plus évitante (p=.046). L’analyse textuelle des entretiens met également en avant un profil plus internalisant pour les patients motivés pour l’ETP. Leur obésité est perçue comme une maladie, et la chirurgie va venir diminuer les risques de santé actuels et futurs, la prise de poids est le plus souvent associée à des évènements de vie de l’enfance et recherchent de l’information, du soutien auprès de l’équipe. A contrario, l’obésité est perçue comme un handicap chez ceux refusant le programme, le surpoids est plus associé à des habitudes de vie épicurienne qu’il est difficile de modifier et ils perçoivent le programme comme inutile.
L’étude 2 identifie les « prédicteurs » de la participation à l’ETP (n=89) et confirme le rôle des facteurs de personnalité dans l’adhésion au programme de santé. En effet, la dépendance à la récompense prédit de manière significative la participation au programme (β= 0,34 ; p=0,04) et l’évitement prédit le refus (β= -0,27 ; p=0,05).
L’étude 3 montre l’efficacité de l’ETP sur la perte de poids, les variables d’anxiété-dépression et de qualité de vie physique et mentale. 179 patients ont été suivis de manière longitudinale dans l’Unité de Nutrition (CHU, Toulouse) de leur demande de chirurgie à leur 12 mois postopératoire. En effet, l’ETP a un effet positif sur l’anxiété (β=-0,70 ; p=.018), la dépression (β=-0,83 ; p=.001), sur la santé physique (β=6,09 ; p=.001) et mentale (β=3,50 ; p=.001) ainsi que sur les comportements d’inhibition (β=-12,43 ; p=.012). Dans un second temps, seront analysées de manière longitudinale les compétences mobilisées en ETP.
Les résultats confirment l’intérêt de l’ETP en préopératoire d’une chirurgie de l’obésité. La participation améliorent les variables psychosociales. Toutefois, les facteurs de personnalité entrent en interaction dans le processus de décision de soin (self-management).